La charge mentale du parent d’enfant atypique : comprendre pour ne plus subir


Le poids invisible du “il faut que…”

“Il faut que je prenne rendez-vous chez le psy.”
“Il faut que je parle à la maîtresse.”
“Il faut que je reste calme quand il explose.”
“Il faut que je tienne, parce que personne d’autre ne le fera.”

Ces “il faut que” s’enchaînent sans répit dans la tête du parent d’enfant atypique.
Et pendant que les autres te disent “tu gères tellement bien”, toi, tu sais.
Tu sais que cette apparente solidité repose sur un équilibre fragile, souvent prêt à basculer.

Tu gères tout, tout le temps. Mais à quel prix ?

Ce que tu ressens n’est pas de la faiblesse, ni un manque d’organisation. C’est une réalité neurologique, émotionnelle et sociale : la charge mentale parentale, amplifiée par la spécificité de ton enfant.


Comprendre la charge mentale : bien plus qu’une question d’organisation

Le terme charge mentale a été popularisé par la sociologue Monique Haicault dans les années 1980, puis par la dessinatrice Emma dans sa BD “Fallait demander” (2017). Mais pour les parents d’enfants atypiques, ce concept prend une dimension encore plus complexe.

1. La surcharge cognitive : un cerveau en hypervigilance permanente

La surcharge cognitive désigne le fait d’avoir trop d’informations, de décisions et de micro-tâches à gérer simultanément. Chez toi, elle prend une forme particulière :

  • Tu anticipes les crises avant qu’elles n’arrivent.
  • Tu calcules inconsciemment le niveau de bruit, la lumière, les transitions, les imprévus.
  • Tu cherches à éviter les déclencheurs sensoriels ou émotionnels.
  • Tu prépares les “plans B”, “C” et “D” avant chaque sortie.
  • Tu traduis sans cesse entre ton enfant et le monde extérieur.

Ce mode d’anticipation constant mobilise les zones du cerveau liées à la vigilance et à la mémoire de travail (notamment le cortex préfrontal). Résultat : ton cerveau ne se repose jamais vraiment. Même quand tout semble calme.

2. La surcharge émotionnelle : quand tu ressens tout, tout le temps

Ton enfant vit ses émotions en intensité. Et toi, tu les ressens aussi. Parce que tu es empathique, souvent hypersensible toi-même, et que ton système nerveux s’adapte en permanence au sien.

👉 Tu ressens ses colères, ses peurs, ses frustrations… comme un écho intérieur.
👉 Tu cherches à apaiser, comprendre, prévenir — et parfois, tu t’épuises à absorber trop.

On parle ici d’une co-régulation émotionnelle épuisante quand elle devient unilatérale. Tu es à la fois le pilier, le traducteur, le pare-chocs et le régulateur émotionnel de ta famille.


Les signes que ta charge mentale est en train de déborder

  • Des trous de mémoire ou l’impression d’avoir le cerveau “en surcharge RAM”.
  • Des difficultés à t’endormir car ton mental continue de tourner.
  • Une irritabilité ou hyperréactivité émotionnelle inhabituelle.
  • Le sentiment de ne jamais réussir à “vider ta tête”, même dans le calme.
  • Une fatigue qui ne passe pas, même après le repos.
  • Des pensées de culpabilité (“je devrais faire plus, mieux…”).

Si tu te reconnais dans plusieurs de ces signes, ce n’est pas que tu gères mal. C’est que tu gères trop, depuis trop longtemps.


Trois pas concrets pour commencer à décharger

1. Prendre conscience de ce que tu portes — sans jugement

Pendant 48h, note chaque “il faut que” ou “je dois” qui traverse ton esprit.
Même les plus petits : “il faut que je prenne des mouchoirs”, “je dois penser au goûter”, “ne pas oublier le doudou”.

À la fin, relis cette liste doucement. Tu verras noir sur blanc l’ampleur du mental invisible que tu gères.

Cette étape est essentielle : on ne peut déléguer ou alléger que ce dont on a conscience. C’est ton point de départ pour reprendre du pouvoir sur ton quotidien.

2. Distinguer ce qui t’appartient… et ce qui ne t’appartient pas

Tout n’est pas à toi. Mais quand on vit dans l’hyper-responsabilité, on finit par croire que si on ne le fait pas, personne ne le fera.

Demande-toi : “Est-ce que je suis vraiment la seule personne capable de gérer ça ?”

Souvent, la réponse est non :

  • L’école peut adapter certaines choses sans ton intervention constante.
  • L’autre parent peut être impliqué différemment.
  • Ton enfant peut être responsabilisé, selon son âge et ses capacités.
  • Et parfois, tu peux simplement… laisser passer.

Apprendre à redistribuer les rôles n’est pas de la négligence : c’est un acte de survie émotionnelle.

3. Créer un espace pour toi : la mini-zone de respiration

Ton système nerveux a besoin d’alternance entre tension et récupération pour rester équilibré. Sans ces moments de respiration, il sature.

Concrètement :

  • Bloque 10 à 15 minutes par jour rien que pour toi.
  • Pas pour avancer, ranger ou cocher une case.
  • Juste pour être : respirer, marcher, écouter, écrire, boire un café chaud sans être interrompue.

“Ce n’est pas en t’épuisant que tu donnes le meilleur à ton enfant.
C’est en prenant soin de ton énergie que tu deviens son modèle d’équilibre.”


Pour aller plus loin

  • Emma (2017)Fallait demander, BD sur la charge mentale.
  • Monique Haicault (1984) – travaux sur la double journée des femmes.
  • Élodie Crépel (2022)Les hypersensibles spirituels (co-régulation émotionnelle).
  • Mathilde Bouychou & Charlotte Ducharme (2021)Maman, respire !

Et si tu pouvais enfin souffler ?

Tu n’as pas besoin de tout gérer seul. Tu as besoin d’un espace pour déposer, comprendre, respirer.

Bientôt, j’ouvre un espace dédié aux parents d’enfants atypiques.
Un lieu pour souffler, partager et retrouver de la clarté au milieu du chaos.

Rejoins la liste d’attente Tribu Atypique pour être prévenu(e) dès son ouverture : 👉 Je m’inscris

Parce que tu mérites, toi aussi, de te sentir apaisé(e). Et que prendre soin de toi, c’est déjà prendre soin d’eux. 💛


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